Thème « statut de la femme »
Jane Eyre, une jeune orpheline d’une dizaine d’années, est recueillie par une tante acariâtre qui la transforme vite en Cendrillon. Traitée comme une domestique, en butte aux brimades et aux humiliations, Jane se rebelle et est envoyée dans une pension où elle finira par devenir professeur, avant d’entrer comme préceptrice au manoir de Thornfield, sous les ordres de l’inquiétant et fascinant M. Rochester. Mais le manoir et son maître recèlent un terrible secret… Coups de théâtre, rebondissements inattendus, hurlements de rire terrifiants dans un manoir hanté par une présence menaçante et cachée, incendies criminels, histoire d’amour maudit, fuites éperdues dans la lande ont assuré à Jane Eyre un succès immédiat et durable.
Johanna est une enfant naturelle qui vit, dans les années 20 et le début des années 30, chez des parents nourriciers, petits paysans du Burgenland, en Autriche. Elle n'est pas malheureuse, mais elle voudrait apprendre un métier : devenir couturière et conquérir son indépendance. Or cet apprentissage n'est possible que dans la commune dont elle est ressortissante, c'est-à-dire là où est née sa mère. Si bien que l'assistante sociale reconduit la fillette et la confie, à l'âge de 13 ans, aux soins du « conseiller de bienfaisance » (on dirait maintenant : chargé du bureau d'aide sociale) d'un petit village de Basse-Autriche. Et celui-ci déclare : « Tu viendras chez nous, comme bonne. Il ferait beau voir que les enfants naturels décident de leur sort ! » Ainsi, pendant des années et sans être payée, Johanna est obligée de travailler à la ferme avant de parvenir enfin à s'affranchir de cette tutelle au point de pouvoir trancher elle-même de son avenir et de celui de son enfant à naître.
L'évolution de la petite fille à la femme et son passage à la réflexion et à l'action autonome sont ici décrits avec une grande pertinence psychologique. Les implications des destins individuels et de la situation politique et sociale contribuent à brosser un tableau réaliste de l'Autriche à cette époque. Le destin de Johanna n'est pas unique. Son histoire, inspirée d'une biographie authentique, est représentative de celle de toute une masse de défavorisés pour qui la discrimination sociale et la vie sous tutelle furent trop longtemps le pain quotidien.
Moyen Âge. Les rats ont envahi la paisible bourgade d’Hamelin. Vous croyez connaître cette histoire ? Vous savez qu’un joueur de flûte va arriver, noyer les rats en musique, puis les enfants d’Hamelin ? Oubliez ces sornettes. La véritable histoire est bien pire, et c’est grâce à Mirella, une jeune fille de quinze ans, qu’on l’a enfin compris. Cette crève la-faim a un don ignoré de tous : elle voit ce que personne d’autre ne voit. Par exemple, elle a repéré cet homme en noir qui murmure à l’oreille de ceux qui vont mourir de la peste… Et ça lui donne une sacrée longueur d’avance. Y compris sur le plus célèbre dératiseur de tous les temps.
Californie Whipple, douze ans, est emmenée de force de son Massachusetts natal jusqu’à l’autre bout du continent. Changeant son prénom honni en « Lucy », elle pose un regard sévère et consterné sur sa nouvelle maison : une tente plantée au milieu d’un tas de boue et de poussière, cernée par des chercheurs d’or alcooliques et incultes. Mais les tas de poussière et les grossiers personnages peuvent réserver de sacrées surprises…
Ils ne sont plus que trois. Petit, le minot, Grand, avec sa jambe blessée, et la jument, Captain Wynn. Ils ont réussi à fuir quand La Vipère à la Winchester a tiré sur le vieux Fillmore et mis le feu à la grange. Tous les autres gosses du refuge sont morts dans l'incendie. Tous ? Petit et Grand savent ce qu'ils ont à faire. Foncer vers l'Ouest et trouver la Veuve Edmée, la patronne de saloon qui pourra les aider à identifier La Vipère. Ils avancent, liés par une force immense, portés par la rage et la soif de vengeance.
Ils sont deux à se partager la clientèle du cabinet. Jean Baudoin, le fondateur, la cinquantaine à la fois fringante et fatiguée. Il ne garde jamais les gens plus de dix minutes, distribue les médocs comme les regards méprisants. Les malades l'énervent de plus en plus. Et Vianney Chasseloup, un débutant, avec des yeux d'âne, un prénom de saint, une triste figure de chevalier, les cheveux en pagaille et le veston froissé. C'est lui qui soigne tous ceux dont Baudoin ne veut plus : les vieux, les gâteux, les paumés, les cas désespérés. Mais voilà qu'un jour, parmi les patients du docteur Chasseloup, se glisse une toute jeune fille aux yeux bleus, presque violets. Violaine. Aussi jolie que son prénom peut le laisser espérer. Elle a tout pour être heureuse. C'est la fille du docteur Baudoin. Alors, qu'est-ce qu'elle fait là ?
Les menaces, les cris, les coups, ce soir c’en est trop. Une course à pied dans la nuit, un bus, un train, un car, et puis encore de la marche, une longue marche dans des sentiers de montagne… Et les voilà arrivées au refuge.
Mila n’est pas vieille et sa mère n’est pas veuve. Pourtant c’est là, avec Catherine, Mado, Marguerite, Clémence et les autres qu’elles vont trouver leur place. Loin de tout. Loin des hommes. Loin de leur violence. Ici, aux Ouches, des vieilles femmes blessées ont décidé de vivre en communauté, de restaurer les bâtisses, de partager l’essentiel, de se serrer les coudes, de se panser le coeur. La mère de Mila connaît l’une d’entre elles, et l’appelle « nourrice ».
La vie s’organise, rude et douce. Mila étudie, fait la lecture, se découvre des forces inconnues et un amour inattendu pour la montagne et sa sauvagerie. Elle se surprend à espérer que cette vie pourra durer. Elle se trompe. Là-bas, en ville, dans les brumes de l’alcool, les hommes ruminent une vengeance atroce.
Les filles ? Des êtres stupides. Des bouches inutiles à nourrir. Les marier ? La dot coûte cher. Mieux vaut les tuer dans l’oeuf.
Les intouchables, les « hors castes » ? Des parasites. Bons à rien. Arriérés. Condamnés aux basses besognes. Il faut les fuir à tout prix.
Dans l’Inde de tous les possibles, mais aussi des préjugés tenaces, les routes de deux parias se croisent. Elle, Isaï, était venue en cachette assister aux funérailles de sa mère. Lui, Murugan, d’un geste respectueux, a replacé une fleur tombée du brancard.
Leur premier dialogue s’est fait en rythme et en musique. Chanter, jouer, ils en rêvent tous les deux. Ils osent partir. Leur traversée du pays sera semée d’embûches et de mauvaises rencontres.
Mais Sarasvati, la déesse au luth, veille sur eux.
« Les filles, c'est comme le poisson. Ça se gâche vite et ça ne se garde pas. » Ainsi parle Messire Rollo, chevalier du village de Stonebridge, dans l'Angleterre de la fin du XIIIe siècle.
Sa fille Catherine a treize ans, et Rollo trouve qu'il est grand temps de la marier. Les soupirants défilent au manoir. Aucun ne trouve grâce aux yeux de Catherine. L'un est moche, l'autre est bête, un troisième est trop vieux, un autre encore sale comme un cochon. Il y a bien le doux oncle Georges, mais son coeur est pris par une autre. En réalité, Catherine ne veut pas se marier du tout. Elle ruse, elle jette des sorts, elle tente des fugues pour échapper au funeste destin qui la guette.
Et en attendant d'être vraiment libre, elle consigne ses faits et gestes, ses pensées et les événements du village dans son beau livre de vélin. C'est son frère Edward, futur moine, qui lui a conseillé d'écrire tous les jours « pour devenir moins puérile et plus instruite ». Alors, pleine de rage parce que son père ivre l'a battue, ou débordante d'espoir à la perspective d'une évasion, Catherine écrit, chaque jour que Dieu fait, et raconte tout en détails, d'autant plus volontiers que, quand elle écrit, sa mère la dispense d'accomplir toutes les corvées ménagères qu'elle déteste : filer la laine, faire bouillir le linge, broder, coudre et ourler. La vie au manoir est rythmée par les travaux, les récoltes, les fausses couches de la Dame, mais aussi les fêtes religieuses et les banquets où défilent les invités de passage qui apportent les nouvelles du monde, et où circulent des plats étranges : anguilles à la gelée de coing, hérissons à la crème, serpents de mer aux pommes. Et le jour où un abbé confie à Catherine un petit livre des saints, elle décide de faire de son journal un livre, aussi héroïque et étonnant qu'une vie de martyre.
Le loup endosse tous les rôles pour séduire une jeune fille. Mais la jeune fille, bien que désireuse de prendre son envol, se méfie. Sans compter qu’elle est encore sous l’autorité de son père et de sa mère. Qu’à cela ne tienne, pour avoir le champ libre, le loup séduit d’abord la mère, puis le père et les dévorent. Mais lorsque le loup revient, la jeune fille en a profité pour s’envoler du nid. Qu’à cela ne tienne, il la retrouvera...il a une moto après tout, et du flair. C’est compter sans le chasseur.
Pendant quatorze ans, la vie de Matilda a été peuplée de livres, de prières en latin, des saints du paradis et des certitudes du père Leufredus, son protecteur, sur le Bien et le Mal. Et la voilà contrainte de quitter le douillet manoir où elle étudiait pour débarquer dans la ruelle du Sang et de l'Os, où le petit peuple de l'Angleterre médiévale vient se faire saigner, herboriser et rafistoler. Peg la Rousse, la rebouteuse, cherche une assistante. Matilda pense qu'elle se retrouve en enfer. Elle commence par regretter sa vie solitaire et sereine et à maudire les personnages hauts en couleur qui chamboulent sa nouvelle existence à coups de mots crus et de pratiques barbares. Et puis, de conversation en rencontre, de soin en apprentissage, elle découvre que les humains avec leurs failles ne sont pas moins dignes d'amour que les saints du paradis. Au contraire.
On a raconté qu'elle était une magicienne qui répandait autour d'elle son oeuvre de haine, une mère dénaturée qui avait tué ses propres enfants par jalousie de leur père infidèle. Depuis la tragédie d'Euripide, la figure mythique de Médée est victime de calomnie et de médisance. Et si la réalité était tout autre ? Si Médée, la jeune fille du roi de Colchide fascinée par les Grecs, leurs coutumes, leur éloquence, leurs vertus démocratiques, avait été tout simplement une femme assoiffée de justice et attachée à la parole donnée ? Si l'épouse passionnée du beau Jason, le chef des Argonautes, et la mère de deux petits garçons avait été à Corinthe l'étrangère à abattre, le jouet d'un complot, un vrai bouc-émissaire ? Et si le nom de Médée, qui signifie « celle qui apporte aide et guérison » était enfin lavé dans ce roman de tous les affronts qu'il subit depuis la plus haute Antiquité ?
Un jour, Jeanne prend un cahier pour évoquer le vert paradis de son enfance et les mots doux qui l'ont bercée : Peste, Chieuse, Tête à claques, Insolente et Future Pétasse, sont les premiers qui lui viennent à l'esprit. Avant de découvrir que ses parents ne sont pas des monstres. Juste des névrosés ordinaires, lâches et ennuyeux. Pas si grave, pense Jeanne. Tout ce qu'elle leur demande, c'est de ne pas la forcer à être comme eux. Elle a mieux à faire : flâner, rêver, s'énerver, balader son insoumission printanière sous les nuages... Dans un monde angoissant, cacophonique et brutal, Jeanne cherche la douceur. Elle a déjà la certitude d'être un individu, une pièce unique et elle se sent lasse de passer pour le veau numéro 22 du troupeau 4B, deuxième rangée, septième case sur le bitume, en partant des toilettes du fond de la cour. En même temps, Jeanne n'a pas peur : elle garde au fond d'elle le souvenir d'une forêt profonde et elle sait que quelqu'un(e) l'attend quelque part.
Au siècle dernier, l'histoire véridique de Lalu Nathoy, une jeune fille chinoise qui fut vendue par son père pour deux sacs de grains, condamnée à la prostitution, puis embarquée sur un bateau à destination des Etats-Unis, et finit un jour par recouvrer la liberté.
Charity est une fille. Une petite fille.
Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d’échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde.
Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l’église, à la rigueur. Les adultes qui l’entourent ne font pas attention à elle, ses petites soeurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d’ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par coeur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l’espoir qu’un jour quelque chose va lui arriver…
Adapté en BD aux éditions Rue de Sèvres par Anne Montel et Loïc Clément
Pourquoi Wafa a-t-elle quitté la maison brusquement en emmenant Makeda, sa petite soeur de bientôt six ans ? Pourquoi, elle qui est honnête, sérieuse et travailleuse, a-t-elle volé toutes les économies familiales à la veille de passer son brevet ? Pourquoi les femmes somali sont-elles toujours tristes ? Pourquoi les hommes sont-ils tenus à l'écart des histoires de femmes ? Pourquoi faut-il éternellement se taire, se résigner, se sacrifier ? Toutes ces questions, ce sont Cali et Abdourahim, les frères de Wafa et Makeda, deux fils d'une famille immigrée à Cherbourg, apparemment sans histoires, qui se les posent. Ils se sentent coupés en deux, écartelés entre les traditions et la liberté. Un guérisseur yoruba a prédit à Cali qu'il allait bientôt devoir faire un choix très difficile, et qu'il lui faudrait alors écouter son âme. Pourquoi pas ?