Thème « Russie »
Saviez-vous que les huîtres sont vivantes quand on les mange ? Connaissez-vous les horreurs de l'hôpital ? Qui du loup ou du chasseur est le plus carnassier ? Peut-on être lâche au point de laisser une pauvre femme se perdre dans la nuit d'hiver ? Vous êtes-vous demandé quelle détresse accable le vieux comédien abandonné dans son théâtre désert ? Et si vous trouviez un cercueil dans votre chambre ?
Toutes ces questions ont leurs réponses dans ces Histoires grinçantes de Tchekhov. Ajoutons-y un cosaque mourant de faim, un instituteur consciencieux jusqu'à l'issue fatale, une petite bonne d'enfants martyrisée, et nous aurons une série de récits d'une férocité et d'une cruauté à faire frémir d'humour... noir !
Depuis la nuit des temps, en Russie, les bylines, ces récits épiques chantés par les bardes au son des gousli, enchantaient et terrifiaient les enfants. À l'aube du XXe siècle, les bardes se sont tus. Ce recueil est le premier à leur rendre hommage, à leur redonner la parole, mais aussi à réinventer leur univers. Comme si les bardes oubliés chantaient ici et maintenant. Ilia Mouromietz est leur héros, éternel, et moderne. Un héros éternel parce qu'à l'image des autres héros, d'origine modeste et de coeur noble, il combat le Mal éternel, en guérissant, en galopant, en terrassant des êtres fantastiques, comme le rossignol brigand. Un héros moderne, un héros des temps nucléaires, parce que dans une Russie d'aujourd'hui ravagée par les catastrophes, il vole du quartier de la Petite Centrale à celui de la Grande Centrale tel un cavalier de l'Apocalypse, parce que son père travaille dans les caves empoisonnées, et que sa mère cultive les radis amers dans les champs de ruines. Et parce que, malgré tout, il triomphe.
« On a beau faire, quelquefois, c’est comme si on avait le monde entier contre soi. Et au collège plus qu’ailleurs. Jugez un peu : Un cahier enfoui pour cacher de mauvaises notes ; le chien du proviseur, Eschyle, qui le déterre pour jouer ; des professeurs qui ont tout sauf le sens de l’humour et de la mesure, et qui tous me désignent comme coupable, aussitôt c’est la menace d’une exclusion définitive. Mais à Odessa, en 1895, être exclu du collège, cela veut dire être mis à l’écart de la société. C’est presque être condamné à mort. Alors, moi qui aime apprendre, moi qui veux apprendre, comment pourrais-je échapper à une telle sentence ? »
Le pensionnat Biriozy part à la dérive. Mauvaise gestion, démission des professeurs, élèves démotivés, flou général… Depuis qu’Olga Pétrovna ne dirige plus l’établissement de sa main de fer, les pensionnaires semblent déboussolés. Même Sanouk a des absences. Son amie Pénélope sombre dans ce qui ressemble de plus en plus à une dépression et Ludmila se réfugie dans les rêves.
Il faut réagir, et vite. Mordiev, le professeur de littérature, est convaincu que seul un voyage expérimental pourra sortir les élèves de leur torpeur. Il ne s’agira pas de faire du tourisme, mais de suivre les cours habituels en sentant le monde bouger tout autour, en le voyant se transformer au rythme des heures et des milliers de kilomètres. Mettre Biriozy sur des rails, voilà l’enjeu !
Et pourquoi pas les rails du Transsibérien ?
Dans la Russie du XIXe siècle, tout au fond de l'immense Sibérie, une révolte gronde. Le fil du télégraphe vient même d'être coupé, rompant la communication entre le souverain et son frère qui se trouve à Irkoutsk. Seul moyen de l'avertir du danger : lui envoyer un messager. Mais quel homme sera capable de mener à bien cette mission à hauts risques ? Un nom s'impose, celui de Michel Strogoff. Ce capitaine des courriers du czar connaît bien la steppe, où il est né et a grandi en chassant l'ours. Il a un « corps de fer », un « coeur d'or », un courage à toute épreuve, des facultés de jugement et un sang-froid hors du commun. En temps normal, le voyageur met cinq semaines pour aller de Moscou à Irkoutsk. Les courriers du czar - corps d'élite - réussissent couramment à couvrir la distance en à peine dix-huit jours. L'agent secret Michel Strogoff, lui, n'arrivera qu'au bout de trois mois, mais on lui pardonne ce retard dû à des obstacles qui lui auront valu un détour par l'enfer !
Mikhaïlo Potyk n'aurait jamais dû quitter Kiev. Pas plus qu'il n'aurait dû pénétrer dans le royaume du roi Bacrameï et de sa fille Mariya, la très-blanche mouette. Mikhaïlo n'aurait jamais dû planter sa tente près des étangs, parmi les absinthes amères et les absinthes douces. Il n'aurait jamais dû croiser le regard de Mariya (métamorphosée en belle jeune fille pour le séduire), jamais dû l'aimer, jamais dû écouter sa voix suppliante, jamais dû l'enlever et l'épouser... Aucun des héros qui peuplent cette byline et sa Russie légendaire ne parvient à lui ouvrir les yeux. Et, quand la très-blanche mouette s'enfuira avec Iouri Ogoulievitch, le tsar des hauts-plateaux walghanes, Mikhaïlo se lancera à sa poursuite, une fois, deux fois, mille fois, sans comprendre que Mariya n'est pas du tout celle qu'il croit...
Sur des milliers de kilomètres, le puissant fleuve Lena charrie parfois des choses curieuses, comme ce bout de bois tordu et noir, à la forme un peu bizarre…
Les deux papillons Anastasia Fanfreluche et Sonia Baboutchka y voient une plate-forme pour se poser et papoter. Lorsqu’elles s’envolent, les trois louveteaux Arkhangelsk se servent du morceau de bois comme d’un jouet à mordiller. Le jeu s’arrête lorsque l’aigle Lelio Lodoli s’en empare, croyant saisir un lapin mort et un peu sec dont il ferait bien son dîner. Plus tard, c’est en le voyant flotter que l’écureuil Mitrofane Stakhanov apprend enfin à différencier la droite de la gauche. Quant à l’éphémère Mimolette Perséphone, elle est bien heureuse de s’y reposer, à mi-parcours de sa brève existence. Jusqu’où le curieux morceau de bois va-t-il dériver ? Jusqu’à l’embouchure du fleuve, là où, paraît-il, vivent des boeufs musqués ? Seule Goritsa, la divinité de la Lena, peut le dire…
Par quel hasard une minuscule feuille séchée a-t-elle pu se glisser entre les pages d’un livre ? Dans la chambre de leur pensionnat russe, Sanouk, Pénélope et Ludmilla savourent leur découverte. Est-ce encore un tour de leur nouveau professeur de littérature pour les intriguer et leur donner envie de lire ce drôle de bouquin ? Est-ce que cette feuille est là pour les alerter des dangers qui guettent ce peuple nénètse, ces nomades de Sibérie dont parle le livre ? Très vite, Sanouk et ses amies veulent en savoir plus.
Elles consultent Internet et découvrent que le livre dit vrai : une compagnie pétrolière menace bien les terres des Nénèts. Elles n’iront pas plus loin, le livre « subversif » est confisqué par la direction et le nouveau professeur menacé.
Mais parfois, il suffit d’une minuscule feuille séchée pour semer la révolte dans un pensionnat de jeunes filles russes…
Parce qu'un jour de désoeuvrement et de mélancolie, Sadko le musicien sans fortune et sans or s'en est allée jouer de la harpe sur les bords du lac Ilmène. Parce que de sa harpe accordée, Sadko le musicien sans fortune et sans or a su tirer un air de beauté extrême. Parce que trois fois de suite il a repris le chemin du lac, trois fois il s'est assis sur une pierre du lac et trois fois il a remué de sa plainte mélodieuse les eaux du lac. Pour cela, au troisième jour, le tsar de toutes les mers océanes apparaît à Sadko, et, de musicien sans fortune et sans or qu'il était, il le transforme en marchand richissime, possesseur d'un trésor inépuisable et infini.
Mais un soir de banquet et d'humeur fantasque, Sadko fait le pari avec ses hôtes qu'il sera capable d'acheter toutes les marchandises de tous les magasins de Novgorod. Et ça, c'est encore plus difficile que de séduire le coeur exigeant du tsar de toutes les mers océanes...
Au cinquième étage de l'immeuble numéro 81 des grandes avenues du secteur de Kiev, les héros de la steppe et les ingénieurs de la centrale se retrouvent pour dîner à la table de Vladimir le Beau Soleil. Ils boivent des miels noirs, mangent des betteraves vivantes et chacun se vante, parade et raconte ses dernières batailles.
Soukmane Soukmanovitch, lui, reste silencieux. Pourtant, il a accompli seul un acte très brave. Il a sauvé Kiev d'une armée de quarante mille ombres à masques de blaireau. Il est blessé. À son flanc, il a trois plaies rouges qu'il rebouche avec des poignées de coquelicots.
Celui qui vous chantera les exploits de Soukmane, c'est le batelier qui sillone les marécages entre Chodga et Chalia; il faudra qu'un jour vous montiez dans sa barque. Et pour le cas où vous ne trouveriez pas la barque, Elli Kronauer a écrit pour vous ces récits de la Russie de toujours, il a réveillé ces personnages légendaires, qui maintenant circulent à cheval entre la steppe ondoyante et les ruines des centrales nucléaires.
Tarass Boulba est un Cosaque ukrainien, fier, vaillant, belliqueux - un Cosaque pour qui seules comptent sa foi orthodoxe, sa terre et la lutte immémoriale contre les Polonais. Il accueille ses deux fils, Ostap et Andreï, qui rentrent de Kiev, ayant terminé leurs études à l'université, et les conduit très vite à la « Setch », le campement militaire des Cosaques.
Mais Andreï, le cadet, tombe amoureux d'une belle Polonaise et passe à l'ennemi ! Incapable de supporter cette trahison, son père le tue de ses mains.
L'aîné, Ostap, est fait prisonnier. Dès lors Tarass Boulba n'a plus qu'une idée : le venger...
Gogol écrit la première version de Tarass Boulba à vingt-six ans et met toute la fougue de sa jeunesse dans cette superbe exaltation du peuple cosaque qu'il a connu dans l'enfance : avec Tarass Boulba, on chevauche au vent de la steppe, on se bat avec héroïsme et férocité, on ripaille, on chante, bref on découvre la truculence de l'épopée la russe, immortalisée au cinéma par Yul Brunner et Harry Baur.










