Thème « Littérature classique »
Marcovaldo est manœuvre. Il vit, avec sa femme et ses six enfants, dans une grande ville d'Italie du Nord. Un citadin parmi d'autres. Mais lui est différent. La publicité, le néon, la circulation, il ne les voit pas. En revanche, la moindre manifestation de la nature accroche son regard. Ses sens se sont-ils atrophiés, ou la nature s'est-elle changée en venant en ville ? Marcovaldo n'arrive pas à retrouver cette nature si saine, si pure dont il garde le souvenir. Elle est singulière cette nature, surtout en ville ! Marcovaldo l'apprend en vivant une suite d'aventures inattendues et souvent drôles évoquant un Charlot père de famille, en butte aux complexités de notre vie « post-industrielle ».
« Je préfère parler du fond de mon cercueil », écrit Chateaubriand au début des "Mémoires d'outre-tombe"... Mais ce monument qu'il dresse de sa vie, pendant plus de quarante ans, est un véritable roman, que l'Histoire, quoi qu'il en dise, ne parvient jamais à « étrangler » tout à fait. Ce « nageur entre deux rives » est le chroniqueur du passage unique des Lumières au siècle du progrès, de l'Ancien au Nouveau Monde : « Des auteurs français de ma date, je suis quasi le seul qui ressemble à ses ouvrages : voyageur, soldat, publiciste, ministre, c'est dans les bois que j'ai chanté les bois, sur les vaisseaux que j'ai peint l'Océan, dans les camps que j'ai parlé des armes, dans l'exil que j'ai appris l'exil, dans les cours, dans les affaires, dans les assemblées que j'ai étudié les princes, la politique et les lois. » Un écrivain sentencieux et emphatique ? Plutôt un chevalier, un vrai, fidèle champion des causes perdues, conquérant de libertés inédites devenues les idéaux de notre modernité, un aventurier fendant océans et tempêtes, éternel errant échappé du monde des rêves, trempant sa plume à l'encre d'une mélancolie teintée d'humour.
Dans la Russie du XIXe siècle, tout au fond de l'immense Sibérie, une révolte gronde. Le fil du télégraphe vient même d'être coupé, rompant la communication entre le souverain et son frère qui se trouve à Irkoutsk. Seul moyen de l'avertir du danger : lui envoyer un messager. Mais quel homme sera capable de mener à bien cette mission à hauts risques ? Un nom s'impose, celui de Michel Strogoff. Ce capitaine des courriers du czar connaît bien la steppe, où il est né et a grandi en chassant l'ours. Il a un « corps de fer », un « coeur d'or », un courage à toute épreuve, des facultés de jugement et un sang-froid hors du commun. En temps normal, le voyageur met cinq semaines pour aller de Moscou à Irkoutsk. Les courriers du czar - corps d'élite - réussissent couramment à couvrir la distance en à peine dix-huit jours. L'agent secret Michel Strogoff, lui, n'arrivera qu'au bout de trois mois, mais on lui pardonne ce retard dû à des obstacles qui lui auront valu un détour par l'enfer !
Prenez Jean Valjean et Gavroche. Mêlez les deux, joignant à l’héroïsme de l’un la verve fantaisiste de l’autre, vous obtenez Glapieu. L’auteur des Misérables lui a donné le premier rôle dans l’une des pièces les plus inspirées de son Théâtre en liberté. Cette pièce fut longtemps inédite, et c’est dommage, car ce Glapieu est extraordinaire et méritait d’être connu plus tôt.
Qui est-ce ? Un voleur vertueux qui veut changer de métier pour vivre dans l’honnêteté : « La première bonne action que je trouve à faire, je me jette dessus, je la fais. Ça mettra le bon Dieu dans son tort. »
Tandis que Paris fête Carnaval, se déguise et s’amuse, on vient saisir les meubles d’une famille endettée ; Rousseline, un homme d’affaires odieux, tient les malheureux entre ses griffes.
Glapieu jure de les sauver. Tâche ardue, quand on est soi-même aux abois, traqué par la police, et qu’on grelotte sous la neige, le ventre vide ! Glapieu observe, écoute, devine, agit. Il marche sur les toits, nage dans la Seine, attaque un coffre-fort… Admirable autant que modeste, il traverse en équilibriste les quatre actes du drame, s’immisce dans chaque décor, et éclaire chaque situation au feu pétillant de ses apartés.
Les Instructions officielles de l’Éducation nationale recommandent l’étude d’une pièce du Théâtre en liberté en classe de quatrième.
« Je m'appelle Jean Valjean. Je suis un galérien. J'ai passé dix-neuf ans au bagne. Je suis libéré depuis quatre jours et en route pour Pontarlier qui est ma destination. Quatre jours que je marche depuis Toulon. Aujourd'hui j'ai fait douze lieues à pied. Ce soir en arrivant dans ce pays, j'ai été dans une auberge, on m'a renvoyé à cause de mon passeport jaune que j'avais montré à la mairie. J'ai été à une autre auberge. On m'a dit : - Va-t'en! Chez l'un, chez l'autre. Personne n'a voulu de moi. J'ai été à la prison, le guichetier ne m'a pas ouvert. J'ai été dans la niche d'un chien. Ce chien m'a mordu et m'a chassé, comme s'il avait été un homme. On aurait dit qu'il savait qui j'étais. je m'en suis allé dans les champs pour coucher à la belle étoile. Il n'y avait pas d'étoiles.
J'ai pensé qu'il pleuvrait, et qu'il n'y avait pas de bon Dieu pour empêcher de pleuvoir, et je suis rentré dans la ville pour y trouver le renfoncement d'une porte. Là , dans la place, j'allais me coucher sur une pierre, une bonne femme m'a montré votre maison et m'a dit :
- Frappe là . J'ai frappé.
Qu'est-ce que c'est ici ? Êtes-vous une auberge? J'ai de l'argent, ma masse. Cent neuf francs quinze sous que j'ai gagnés au bagne par mon travail en dix-neuf ans. Je paierai. Je suis très fatigué, j'ai bien faim. Voulez-vous que je reste ?
- Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez un couvert de plus. »
Épopée maritime, roman universel, allégorie biblique, livre culte, Moby Dick résiste, par son immensité, à toutes les approches, toutes les définitions.
On y entre comme on poserait le pied sur un continent ; on en sort non pas en lecteur, mais avec le sentiment d’avoir vécu une expérience. D’ailleurs, on n’en sort jamais tout à fait.
Ce livre est hanté : il suffit d’en parcourir quelques pages pour être habité – définitivement. Pourtant, son intrigue même tient en quelques mots : la traque obsessionnelle par un homme du
cachalot qui lui a arraché une jambe…
L’histoire du capitaine Achab peut se lire « comme la passion funeste d’un personnage fou de douleur et de solitude. Mais elle peut aussi se méditer comme l’un des mythes les plus bouleversants qu’on ait imaginé sur le combat de l’homme contre le mal et sur l’irrésistible logique qui finit par dresser l’homme juste contre la Création et le Créateur lui-même, puis contre ses semblables et contre lui-même… » Albert Camus, Écrivains célèbres, tome III, 1952.
Épopée maritime, roman universel, allégorie biblique, livre culte, Moby Dick résiste, par son immensité, à toutes les approches, toutes les définitions. On y entre comme on poserait le pied sur un continent ; on en sort non pas en lecteur, mais avec le sentiment d’avoir vécu une expérience. D’ailleurs, on n’en sort jamais tout à fait.
Ce livre est hanté : il suffit d’en parcourir quelques pages pour être habité – définitivement. Pourtant, son intrigue même tient en quelques mots : la traque obsessionnelle par un homme du cachalot qui lui a arraché une jambe…
Peut-on mourir d'avarice comme certains oiseaux meurent d'amour ? Oui répond Guy de Maupassant en deux histoires qui nous font, l'une rire, l'autre maudire la chasse. Sept autres contes de Maupassant, les plus célèbres, mettent en scène toutes les grandes émotions humaines : la peur, l'émerveillement, la tendresse, la lâcheté, l'enthousiasme, la bonté, et également la fidélité, la passion, la légèreté, l'avarice...
É​crites il y a un siècle, ces nouvelles restent tout-à -fait d'actualité, du point de vue de l'écriture qui n'a pas vieilli, contrairement au style de tant d'écrivains du siècle passé; mais aussi du point de vue des personnages mis en scène car la nature humaine ne se démode pas en si peu de temps !
Ce recueil contient : La ficelle; Sur l'eau; Le petit fût; L'épave; À vendre; L'enfant; La rempailleuse; Amour; La bête à maît'Belhomme.
Dans le Paris de Louis XI, dans le grouillement de la cour des Miracles, les destins de trois personnages s'entrechoquent : d'abord Esmeralda, l'ensorceleuse qui fait battre les cœurs. Ensuite, Frollo, le prêtre à l'âme perdue de passion inavouable. Et, enfin, la créature, « mi-homme mi-animal, plus dur, plus difforme et plus foulé aux pieds qu'un caillou », Quasimodo, le sonneur de cloches. Mais ce caillou a un cœur, le monstre pleure d'amour pour Esmeralda...
On lit quelquefois dans le secondaire un roman de Balzac, mais presque jamais ses nouvelles. On perd les jeunes lecteurs dans des méandres d'intrigues très complexes, au risque de les rebuter pour longtemps, au lieu de leur offrir le cadeau de ces textes ciselés, aussi simples que profonds, dont l'intrigue et la structure peuvent être considérés comme les modèles réduits des celles des grands romans. Administrant la description et la narration à dose homéopathique, les nouvelles de Balzac consituent autant d'échantillons représentatifs d'un univers dans lequel elles donnent envie de s'immerger plus profondément. Leur armature plus évidente, leurs effets marqués les rendent plus faciles et plus attrayantes que les masses romanesques, en fournissant des pistes de réflexion aussi passionnantes (Anne-Marie Baron).
Elizabeth Bennet, jolie, intelligente, spirituelle, mais de fortune modeste, séduit le riche et beau Darcy, qui étouffe tous ses préjugés de classe pour la demander en mariage. L’histoire pourrait s’arrêter là . Mais Elizabeth, à la grande surprise de son orgueilleux soupirant, lui oppose une fin de non-recevoir catégorique. Si le happy end attendu survient pourtant, c’est que chacun aura parcouru un long chemin semé d’autant d’introspections que de coups de théâtre…
Perceval ou le Conte du Graal met en scène un jeune homme élevé par sa mère à l’écart du monde. Ayant perdu son mari et deux de ses fils, elle voudrait que son dernier enfant échappe à la chevalerie.
Un jour, au coeur de la Forêt Déserte, le jeune homme croise des êtres merveilleusement beaux qu’il prend pour des anges : ce sont des chevaliers en armure. Au désespoir de sa mère, il décide alors de se rendre à la cour du roi Arthur pour se faire armer chevalier.
Tout au long de ce roman d’éducation, Perceval, enfant rustre, naïf, ignorant jusqu’à son nom, accumulant les maladresses et manquant à tous les usages, se révèle néanmoins peu à peu un excellent chevalier. Au fil des épreuves, son extraordinaire vaillance surpasse celle de Gauvain, l’autre héros du livre. Et c’est parvenu au château du Roi Pêcheur qu’il voit passer devant lui le mystérieux cortège du Graal…
Ce dernier roman (inachevé) de Chrétien de Troyes, composé vers 1180 à la demande de son protecteur, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, est la première oeuvre qui mentionne ce vase extraordinaire. Il a donné lieu à bien des continuations qui ont abouti au grand roman de La Quête du Graal, l’un des plus célèbres mythes de la littérature.
« 1793 est la guerre de l'Europe contre la France et de la France contre Paris. Et qu'est-ce que la Révolution ? C'est la victoire de la France sur l'Europe et de Paris sur la France. De là , l'immensité de cette minute épouvantable, 1793, plus grande que tout le reste du siècle.»
La guerre fratricide de la Vendée contre Paris fournit la toile de fond à Victor Hugo pour son Quatre-vingt-treize. La tempête déchaînée par les hommes balaie tout. L'enchaînement de la violence est inexorable. Mais les hommes de Quatre-vingt-treize, ballottés, écrasés, restent fidèles à eux mêmes, au-delà des engagements politiques du moment.
1787 : la « Bounty », vaisseau de Sa Très Gracieuse Majesté, appareille pour une mission d'exploration dans le Pacifique Sud sous le commandement tyrannique du capitaine Bligh. La discipline de fer qu'il fait régner à bord épuise les marins. Après une escale à Tahiti qui a pour eux l'attrait du paradis, la « Bounty » appareille de nouveau et les brimades reprennent. Le 28 avril 1789, Fletcher Christian, officier en second, s'empare du navire avec l'aide de huit hommes d'équipage. Bligh et ses fidèles, une vingtaine d'hommes en tout, sont abandonnés au milieu du Pacifique dans la chaloupe de la « Bounty »...
La plus célèbre mutinerie de l'histoire a inspiré Boris Moissard qui accompagne le récit de Jules Verne d'un texte alerte, drôle et très documenté.
Tarass Boulba est un Cosaque ukrainien, fier, vaillant, belliqueux - un Cosaque pour qui seules comptent sa foi orthodoxe, sa terre et la lutte immémoriale contre les Polonais. Il accueille ses deux fils, Ostap et Andreï, qui rentrent de Kiev, ayant terminé leurs études à l'université, et les conduit très vite à la « Setch », le campement militaire des Cosaques.
Mais Andreï, le cadet, tombe amoureux d'une belle Polonaise et passe à l'ennemi ! Incapable de supporter cette trahison, son père le tue de ses mains.
L'aîné, Ostap, est fait prisonnier. Dès lors Tarass Boulba n'a plus qu'une idée : le venger...
Gogol écrit la première version de Tarass Boulba à vingt-six ans et met toute la fougue de sa jeunesse dans cette superbe exaltation du peuple cosaque qu'il a connu dans l'enfance : avec Tarass Boulba, on chevauche au vent de la steppe, on se bat avec héroïsme et férocité, on ripaille, on chante, bref on découvre la truculence de l'épopée la russe, immortalisée au cinéma par Yul Brunner et Harry Baur.
Thérèse n’a pas précisément « tiré le gros lot » en épousant son cousin Camille Raquin, garçon souffreteux et sans charmes d’aucune sorte. Très vite, elle va le tromper avec Laurent, l’ami du couple, et les deux amants en viennent bientôt à ressentir l’existence du pauvre mari comme un obstacle intolérable à leurs plaisirs.
L’idéal serait qu’il disparaisse. Alors que faire ? Le tuer ? À condition de ne pas se faire prendre, on pourrait ensuite s’aimer librement et ce serait la belle vie…
Peu à peu, le projet se précise. Le scrupule est un sentiment étranger aux deux complices, qui sont à peu près dépourvus l’un comme l’autre du moindre sens moral. Ils décident donc de passer à l’acte. Mais si le crime est, comme on l’a dit de la guerre, un « art tout d’exécution », l’après-crime exige des nerfs solides, de la patience, de l’endurance. Faute de quoi, la suite des événements peut déboucher sur l’enfer.
L’histoire atroce que nous conte Zola dans Thérèse Raquin, roman de jeunesse antérieur au cycle des Rougon-Macquart, aurait pu être la chronique d’un remords, mais elle est celle d’un cauchemar : le Mal a ouvert une plaie qui, bizarrement, ne se referme pas…















