Thème « journal »
5 octobre
Si quelqu’un n’avait pas remarqué le cadenas qu’il vient d’ouvrir en traître, je rappelle que ceci est mon journal intimement intime. Et que je maudis par avance toute personne qui y jettera les yeux. Qu’elle soit maudite jusqu’à la fin de sa vie, qu’elle ait des allergies, des pellicules et des appareils dentaires à élastiques.
7 octobre
Bon sang, j’ai une quantité industrielle de trucs à raconter. Mes journées sont bourrées d’événements. Quelquefois, j’ai l’impression qu’elles vont exploser. En plus, je ne sais jamais si je suis hyper excitée ou hyper malheureuse. Ma vie est un Himalaya d’hyper hésitations.
Pendant trois ans, parmi les plus importants de sa vie, Aurore raconte à son journal ses expériences traumatisantes d’adolescente. Le premier rendez-vous amoureux, la tentative de fugue, les cours particuliers de maths, les vacances au camping, la naissance de son groupe de rock…
« Les filles, c'est comme le poisson. Ça se gâche vite et ça ne se garde pas. » Ainsi parle Messire Rollo, chevalier du village de Stonebridge, dans l'Angleterre de la fin du XIIIe siècle.
Sa fille Catherine a treize ans, et Rollo trouve qu'il est grand temps de la marier. Les soupirants défilent au manoir. Aucun ne trouve grâce aux yeux de Catherine. L'un est moche, l'autre est bête, un troisième est trop vieux, un autre encore sale comme un cochon. Il y a bien le doux oncle Georges, mais son coeur est pris par une autre. En réalité, Catherine ne veut pas se marier du tout. Elle ruse, elle jette des sorts, elle tente des fugues pour échapper au funeste destin qui la guette.
Et en attendant d'être vraiment libre, elle consigne ses faits et gestes, ses pensées et les événements du village dans son beau livre de vélin. C'est son frère Edward, futur moine, qui lui a conseillé d'écrire tous les jours « pour devenir moins puérile et plus instruite ». Alors, pleine de rage parce que son père ivre l'a battue, ou débordante d'espoir à la perspective d'une évasion, Catherine écrit, chaque jour que Dieu fait, et raconte tout en détails, d'autant plus volontiers que, quand elle écrit, sa mère la dispense d'accomplir toutes les corvées ménagères qu'elle déteste : filer la laine, faire bouillir le linge, broder, coudre et ourler. La vie au manoir est rythmée par les travaux, les récoltes, les fausses couches de la Dame, mais aussi les fêtes religieuses et les banquets où défilent les invités de passage qui apportent les nouvelles du monde, et où circulent des plats étranges : anguilles à la gelée de coing, hérissons à la crème, serpents de mer aux pommes. Et le jour où un abbé confie à Catherine un petit livre des saints, elle décide de faire de son journal un livre, aussi héroïque et étonnant qu'une vie de martyre.
Un jour, Jeanne prend un cahier pour évoquer le vert paradis de son enfance et les mots doux qui l'ont bercée : Peste, Chieuse, Tête à claques, Insolente et Future Pétasse, sont les premiers qui lui viennent à l'esprit. Avant de découvrir que ses parents ne sont pas des monstres. Juste des névrosés ordinaires, lâches et ennuyeux. Pas si grave, pense Jeanne. Tout ce qu'elle leur demande, c'est de ne pas la forcer à être comme eux. Elle a mieux à faire : flâner, rêver, s'énerver, balader son insoumission printanière sous les nuages... Dans un monde angoissant, cacophonique et brutal, Jeanne cherche la douceur. Elle a déjà la certitude d'être un individu, une pièce unique et elle se sent lasse de passer pour le veau numéro 22 du troupeau 4B, deuxième rangée, septième case sur le bitume, en partant des toilettes du fond de la cour. En même temps, Jeanne n'a pas peur : elle garde au fond d'elle le souvenir d'une forêt profonde et elle sait que quelqu'un(e) l'attend quelque part.
Pendant près de trois ans, le fils d'un boulanger de Damas tient son journal. Il fait ainsi la chronique d'un vieux quartier de la capitale syrienne, véritable mosaïque de nationalités réunies par les hasards de l'histoire. Il trace aussi le portrait d'une foule de personnages attachants : sa mère d'abord, à laquelle l'unit une complicité exceptionnelle ; son vieil ami Selim, qui mêle sans cesse dans ses écrits le mythe et la réalité ; Nadia, la jeune fille qu'il aime, et bien d'autres encore. Mais surtout, il découvre peu à peu la situation politique de son pays, marquée par l'injustice, l'absence de liberté et la répression de toute opposition. Pour témoigner de cette réalité - et la dénoncer - il n'a qu'une ambition : devenir journaliste.



