Thème « Histoire : 20e siècle »
Pendant la guerre de 1939-1945, Tomi Ungerer a parlé allemand à l'école, alsacien avec ses copains et français à la maison, ce qui aurait pu lui valoir une amende de trois marks par « bonjour » et plus tard, la prison. Il s'est appelé Hans Thomas. Il a appris à l'école que Léonard de Vinci était d'origine allemande et se nommait en fait Leonard von Wincke. Il a collectionné les casques des soldats français en pleine débâcle. Il a reçu de splendides figurines sculptées par les prisonniers russes qui venaient s'occuper du jardin. Aujourd'hui, sans aucun souci de bienséance, et toujours avec l'accent, Dieu merci, il raconte.
La débâcle de 1940, l’Occupation allemande, la Résistance, la collaboration… Cette période sombre est aussi une période assez floue pour ceux qui ne l’ont pas vécue.
La Seconde Guerre mondiale observée en direct à travers les agissements quotidiens d’une brochette de civils qui se trouvent pris dans ses drames et s’y démènent comme ils peuvent : tout y est, la peur, la honte, le comique, le tragique, le répugnant et même l’héroïsme. C’est un tableau d’époque allègrement brossé par un maître contemporain, lequel, pour la réédition illustrée de ce roman célèbre, s’est adjoint les talents de Philippe Dumas, artiste frère et âme soeur.
« Je ne devrais pas faire cet aveu qui trahit mon grand âge : je me souviens très bien de la guerre de 40 et de l’Occupation. C’est d’ailleurs l’une des nombreuses raisons pour lesquelles Au Bon Beurre, lu à l’âge de 14 ans, m’a tant séduit et tant marqué. Mon premier roman pour adultes. Il me parlait d’un temps qui avait été le mien aussi et mettait en scène des personnages que j’aurais pu connaître.
Ses pages ne racontaient pas d’histoires, elles racontaient mon histoire, celle que j’avais vécue à ma modeste place d’enfant. Plus tard, j’appris que l’auteur, sous la merveilleuse gaieté de son style, était un authentique héros, qui avait couru lui-même de vrais dangers, et pouvait donc se payer le luxe de l’indulgence envers les faux résistants.
Une autre raison qui m’attache à ce livre tient à ce que c’est un grand livre. Sur certains aspects particuliers de cette période tragique, il est un ouvrage de référence, avec cet avantage qu’on s’y amuse énormément. Je suis persuadé qu’on le lira encore dans un siècle, sauf extinction totale de la race des lecteurs. D’où la joie que j’éprouve à y avoir ajouté ces dessins directement puisés dans ma mémoire, et mon orgueil de penser que j’accompagne ainsi un chef-d’oeuvre en route vers la postérité. » Philippe Dumas
De retour à la Maison des enfants de Sèvres, Catherine se lance dans le monde. Poussée par Goéland et Pingouin, elle commence une carrière de photographe-reporter. Mais, au début des années 50, il ne fait pas bon être une femme dans ce milieu exclusivement masculin. Et si la guerre est finie, les combats, eux, ne manquent pas. À commencer par le féminisme, que Catherine découvre avec Simone de Beauvoir. Sa rencontre avec Mavis, chanteuse noire américaine qui a fui les États-Unis pour s’installer en France, la pousse à réaliser un vieux rêve. La voilà embarquée pour trois mois dans cette Amérique de l’après-guerre, où le meilleur côtoie le pire. À sa façon, Catherine lutte. Et peut-être que cette lutte lui permettra de faire la paix avec celle qu’elle était avant la guerre, cette jeune adolescente qu’on appelait « Rachel Cohen ».
Paris, 1922. Le soir de son anniversaire, Madame Gambette, la mère adoptive de Balto, ne rentre pas à la roulotte. Malaise ? Rendez-vous secret ? Enlèvement ? Notre gars de la Zone alerte Émilienne, sa complice journaliste, alors que dans la ville, les disparitions se multiplient : une pharmacienne, un confiseur, un invalide de guerre, un juge à la retraite… Madame Gambette figure-t-elle sur cette macabre liste ? Quel est le but de cet assassin qui sévit dans les rues de Paname, et disparaît à bord de sa Torpédo rouge sang ? Les enquêteurs sont sur les dents, la presse s’enflamme et, du théâtre du Grand Guignol au vélodrome d’hiver, Balto désespère de retrouver sa daronne… avant qu’il ne soit trop tard.
Marcel, un vieux copain de Balto, se fait assassiner sous ses yeux. Qui a pu commettre ce crime sans pitié ? En vrai gars de la Zone, Balto jure de venger son ami et se lance dans une enquête qui va le mener dans le monde du cinéma naissant, dans les salons de la haute couture parisienne, les réceptions de l’aristocratie russe en exil, et même les ruines d’un orphelinat. Coup de chance : il retrouve Émilienne Robinson, l’époustouflante journaliste lancée sur la même enquête. Mais les morts se multiplient, et l’étau se resserre autour de lui. Rattrapé par les Gardiens de Nulle-Part, Balto va se retrouver confronté à la Grande Histoire…
Jocelyn Brouillard, 16 ans et demi, boursier, français, débarque un soir d'automne de 1948 à la pension Giboulée. C'est une erreur, un parfait malentendu. Il est à New-York et on l'a pris pour une demoiselle à cause de son prénom. Car la Pension Giboulée est une de ces boarding houses exclusivement réservées aux jeunes filles qui veulent demeurer à l'abri des loups de Wall street et de la 42ème Rue. La gente masculine y est résolument interdite. Heureusement, Jocelyn joue très bien du piano...
Venues de tous les coins d'Amérique, ces jeunes filles rêvent de conquérir la grande ville, de voir leurs noms en haut des théâtres de Broadway. A Giboulée, elles sont au nombre de 6.
Il y a Chic qui fait des publicités pour du shampooing aux œufs très rose, ou pour des soupes Campbell's avec de la tomate très rouge qu'elle déteste, et qui se fait offrir des chausse-pieds par ses nombreux soupirants... Il y a la baroque Ursula, qui chante à la radio, Etchika qui conduit une voiture au prénom de femme fatale... Et comme si ce n'était pas assez, dans la maison juste à côté habite Dido, une collégienne qui a des problèmes avec le FBI. Et que diraient leurs logeuses, la respectable Mrs Merle et son dragon de soeur, si elles apprenaient que, derrière ses lunettes de fille sérieuse, l'énigmatique Manhattan donne de mystérieux rendez-vous à des messieurs dans les bars à Greenwich Village, ou que Page aux charmantes tresses blondes est amoureuse de celui qu'il ne faut pas ? Enfin, il y a Hadley, qui vend des doughnuts le jour et des allumettes le soir, et qui est peut-être la plus insaisissable de toutes. Hadley est la fille chanceuse qui a un jour dansé avec Fred Astaire... Oui, l'immense Fred Astaire ! Mais alors pourquoi a-t-elle subitement arrêté la danse ?
Ce diptyque doit son titre au Broadway Limited, le train fabuleux et mythique qui reliait Chicago à Pennsylvania Station au centre de New York... Car ce roman prend aussi le train.
BROADWAY LIMITED conte la découverte, par un jeune Français, de l'American way of life dans le New-York de l'immédiat après-guerre, sa vitalité, son énergie, le jazz, le swing, Broadway, la pizza, la radio, ses tempêtes de neige renversantes, le base ball... Mais aussi ses phobies, le début de la guerre froide, la chasse aux sorcières, la ségrégation...
Janvier 1949. Six. Elles sont six à souffler sur leurs doigts quand le brouillard s’attarde sur New York. Avant de se réchauffer dans la cuisine de l’honorable pension Giboulée, où elles partagent aussi leurs rêves fous, leurs escarpins trop pointus et quelques pancakes joufflus. Un jour, elles seront comédiennes ou danseuses, et Broadway sera à leurs pieds. En attendant, Hadley, Manhattan, Page, Chic, Etchika et Ursula courent les théâtres, les annonces, les auditions, les cachets – New York est une ville fabuleuse à condition d’avoir des sparadraps dans son sac. Elles ont 19 ans ou à peine plus, et elles donneraient tout pour réussir, elles qui n’ont rien, en dehors de leur talent. Cela peut-il suffire dans cette Amérique d’après-guerre qui ne fait pas de cadeau ? Pas sûr. Mais si elles n’y croient pas, si elles n’y croient pas scandaleusement, qui y croira ?
Irlande du Nord, 1993. Abigeál O'Keegan aime les histoires qui font peur. Celles qu'elle raconte à Joe, son petit frère malvoyant. Celles qui font écho aux changements qu'elle perçoit dans son corps d'adolescente. Celles qui laissent libre cours à son imagination. Lorsqu'elle quitte Belfast avec sa famille pour s'installer dans une vieille et grande maison en forêt, la réalité rattrape Abigeál. Dans la maison et aux alentours, se produisent des phénomènes étranges, inquiétants. Des objets disparaissent. Des rêves bizarres peuplent ses nuits. Et que veulent ces cerfs qui rôdent là-dehors ? Quelle histoire oubliée se cache à Fianna Sinn ?
Aurore croit que le croquemitaine habite chez elle. Tina croit en beaucoup de choses mais ne jure que par son Harley Davidson. Rémi ne croit en rien sauf en la Gendarmerie Nationale. Matthieu croit que moins on en fait, mieux on se porte. Jonas croit en la valeur nutritionnelle des chips. Le fantôme, quant à lui, croit que tous ces gens-là sauront lui venir en aide. Souhaitez-lui bonne chance.
« Les enfants de la guerre ne sont pas des enfants », dit la chanson d'Aznavour. Et c'est vrai, ils ne sont pas des enfants, les garçons et les filles d'Iran, d'Irak, du Congo, d'Algérie, du Rwanda, du Liban, du Kosovo, et de tous les conflits de la planète. Ils sont des sujets d'actualité. Elle n'est pas une enfant, Nahalia, cette petite fille de quelques heures, née quelque part dans les Balkans avec une tache de vin sur le bras, une marque d'infamie, une malédiction, pendant la sécheresse et juste avant les premiers bombardements. Elle est un bouc émissaire. Il n'est pas un enfant, Jozef, son grand frère adolescent, qui a vu partir son père, pleurer sa mère et massacrer son instituteur, condamné pour désertion, un des seuls hommes du village à avoir voulu rester digne. Il est de la chair à canon, un numéro de camp d'entraînement. Ce roman leur donne la parole.
Rachel Cohen s’appelle désormais Catherine Colin. Elle doit oublier son ancien nom et celui de ses parents. Mais aussi sa vie d’avant, quand il n’y avait pas la guerre et que les Juifs ne devaient pas se cacher. Et puis il faut partir. Dans sa fuite, Catherine emporte son Rolleiflex et des films. Pour tenir, pour résister, elle fait des photos.
« Je sors mon appareil et prends une photo d’Hélène, au moment où elle me fait un signe de main. Je devine que j’ai saisi chez ma compagne de route un mouvement infime, entre tristesse pesante et force que donne la nécessité d’agir. Ce simple geste de femme qui soulève sa valise est la première image qui me restera de mon long périple dans la guerre. »
Julia Billet à propos de son livre : « Cette histoire s’inspire donc de faits du réel, de personnages ayant existé et à qui je souhaite rendre hommage. […] mais La Guerre de Catherine reste avant tout un roman, un roman qui s’inscrit dans une période de l’histoire et vient rappeler que, même quand les loups hurlent à la mort, des femmes et des hommes savent rester fidèles à leur humanité. »
La Guerre de Catherine a été adapté en BD chez Rue de Sèvres.
S’il y a un élève du collège que Mme Baker, la prof d’anglais, ne peut pas voir en peinture, c’est bien lui, Holling Hoodhood. Chaque mercredi, alors que la moitié de la classe de cinquième est dispensée de cours pour se rendre à la synagogue, et que l’autre moitié va au cathéchisme à l’église de la paroisse, Holling Hoodhood, qui n’est ni juif ni catholique, est le seul et unique élève à rester en cours avec Mme Baker. Elle le lui fait payer. Cela fait plusieurs mercredis qu’il nettoie les tableaux, dépoussière les effaceurs, retire les toiles d’araignée, décrasse les fenêtres. Et voilà que Mme Baker s’est mis en tête de lui faire lire du Shakespeare ! Encore un stratagème pour le faire périr d’ennui.
Pendant que Holling Hoodhood découvre La tempête et s’aperçoit que Mme Baker est moins mauvaise qu’elle n’en a l’air, l’histoire des États-Unis suit son cours. Robert Kennedy se porte candidat à la présidence, la lutte pour les droits civiques prend de l’ampleur, la guerre du Vietnam fait rage… Nous sommes en 1968, et l’Amérique s’apprête à vivre l’une des années les plus violentes de son histoire.
Un homme est mort à la Filature, devant sa machine, le bras arraché, la mâchoire fracassée. Accident du travail ? Règlement de comptes ? Rivalité amoureuse ?
Personne n’est capable de le dire. C’est tout juste si la direction de l’usine autorise ses camarades à prononcer son prénom. Son nom, il n’en est pas question.
Autour du cadavre d’Axel T., 24 ans, les intérêts et les convictions s’affrontent. Dans le camp des ouvriers, on pressent la vérité. Le patron veut imposer la sienne.
L’inspecteur du travail Mickiewicz s’acharne à la débusquer. Opiniâtrement. Aidé par Justin, un jeune mécanicien idéaliste. Autour de l’usine, la Grande Guerre se profile, le vieux monde s’inquiète.Des hommes vont disparaître, mais c’est aussi le XIXe siècle, le travail des enfants et quelques injustices qui sont appelés à mourir…
En 1973, lors de la grande lutte des employés Lip à Besançon, bien qu’enceinte et enrhumée, Élisabeth Motsch était là, pour filmer des ouvrières, dont le tonus, la clairvoyance et la joie de vivre l’ont fait rêver. En 2007, en résidence d’auteur en Picardie, elle a découvert les vestiges de brique d’une immense activité industrielle, écouté des récits chaleureux, dramatiques, vivants, et un roman s’est écrit peu à peu, puis une pièce en a été tirée.
Il l'attend, il la regarde. Elle est là, elle n'est pas là. Elle parle à des millions de gens, elle ne le voit pas. Le jour de ses douze ans à lui, le 11 septembre 2001, elle n'est pas rentrée. Elle avait du travail, le même travail que d'habitude, en pire. Belle et glaciale annonceuse de catastrophes. Depuis, il est malade. Ce soir, il n'en peut plus de l'attendre, de la voir s'adresser aux autres, à tous les gens, sauf lui, tous les soirs à 20 heures. Elle lui manque, il a besoin d'elle, elle a mieux à faire. Ce soir, c'est le 19 mars 2003, le début de la deuxième guerre en Irak. Des attentats, des accidents, des offensives à commenter, il y en aura toujours. Mais lui, son fils, il ne sera pas toujours là. Son sac à dos est prêt.
Lorsqu'au réveil, Carla entend sa nounou pleurer en écoutant une chanson des Quecheupayùn, le groupe que dirige son père, elle ne s'inquiète pas trop. La nounou passe sa vie à pleurer, cela fait partie de sa méthode pour élever les enfants. Mais cette fois-ci, ce ne sont pas des larmes de crocodile. Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres à Santiago du Chili, c'est le jour du coup d'état contre Salvador Allende. Très vite, Carla et son frère Cristobàl comprennent que leur famille est en danger. Le nouveau régime est impitoyable pour les communistes. Il faut fuir vers la France, un petit pays d'Europe que Carla s'imagine pauvre et légèrement sous développé. Lorsqu'elle arrive à Gennevilliers, elle n'en croit pas ses yeux : c'est moderne ici, pense-t-elle, et il y a de tout dans les magasins. « Nous vivons dans un rêve, un film de Walt Disney, » pense Carla, ce qui ne l'empêche pas de voir qu'ici aussi les gens sont bizarres et que la violence peut naître n'importe où.
Rue de la Tour à Paris, une fenêtre éclairée sous les toits. Derrière cette fenêtre, un homme écrit un éditorial pour le journal L’Humanité. Il s’appelle Jean Jaurès. Ses écrits, ses prises de position, son désir profond de changer le monde l’ont mis en danger d’être assassiné. Le peuple de Paris a juré de le protéger. Ils sont jeunes ou vieux, ils s’appellent Suzanne, Lucien, Mallavec, Paul.
En cette fin du mois de juillet 1914, ce peuple-là ne veut pas de la guerre, et personne n’y croit vraiment. Paul a 15 ans, et son esprit est dévoré par l’amour fou qu’il éprouve pour Madeleine, une jeune fille de la bourgeoisie à qui il n’est pas censé adresser la parole.
Ce soir-là, rue de la Tour, en gravissant les marches qui mènent à la chambre de Jaurès, Paul ignore que cet homme va non seulement lui accorder sa confiance, mais devenir le confident de son secret, et lui donner la force de changer son destin.