Thème « contes du monde entier »
La Nubie est un pays de sable, brûlé par le soleil. L'eau du Nil qui la traverse est aussi précieuse que la terre. Pour les hommes qui y vivent depuis que le monde est monde, la beauté des arbres, des fleurs et des oiseaux est sans égale. C'est en arrosant un palmier assoiffé que Fana la discrète commence à devenir une jeune fille éblouissante. Et c'est pour avoir rempli les deux zirs de sa famille, ces grandes amphores où l'on conserve l'eau, qu'un enfant reçoit un oeuf merveilleux. L'histoire de Koya le chauve raconte non seulement une vengeance terrible mais aussi la plus ancienne façon d'enrichir la terre. On peut aussi vouloir quitter la Nubie, et s'en aller courir les mers comme la septième fille. C'est pour y devenir riche et respectée et y vivre toujours.
Quand on aime les contes populaires, ceux qu'Emmanuel Cosquin a collectés en Lorraine au siècle dernier doivent être lus en priorité. En effet, ils sont beaux, originaux et pas du tout remaniés au goût de l'époque, de celui qu'on prête aux enfants et encore moins d'un public très chic comme le fut celui de Perrault. Emmanuel Cosquin avait une passion pour les contes du monde entier et entre autres pour ceux de sa province : la Lorraine. Il est sans doute, parmi tous les linguistes, les folkloristes et les érudits que nous avons pu rencontrer, l'homme le plus érudit et le plus rigoureux qui existe dans ce domaine. On peut ne pas partager toutes ses hypothèses de travail mais, dès que l'on plonge le nez dans la collecte qu'il a effectuée avec ses soeurs à Montier-sur-Sault, on est saisi par la fraîcheur, la simplicité et la fantaisie des contes lorrains.
Les contes mandchous racontent les mille prouesses d'hommes et de femmes prêts à sacrifier leur vie pour leur communauté. Au combat, les héros, hommes ou femmes, se révèlent d'extraordinaires combattants, qu'il se battent à mains nues, à l'épée, armés d'un simple bâton ou d'un morceau de glace. Et l'action trépidante n'empêche pas les grandes histoires d'amours; dans la Mandchourie des contes, elles concernent souvent une simple jeune fille et un homme de pierre, ou bien une divinité des eaux et un pauvre pêcheur, ou encore un simple paysan et une jeune fille ginseng, la fameuse racine de longévité. Ces unions sont souvent difficiles, on ne passe du monde des dieux à celui des hommes, et réciproquement, qu'au terme de redoutables épreuves qui font appel avant tout à l'intelligence et à la ruse. Avant de vous aventurer dans ce livre, sachez qu'il pullule de créatures épouvantables : dragons, gigantesques serpents d'eau, ignobles monstres tapis sous la terre.
Au temps où les peupliers donnaient des noix, l’osier des fleurs de pois, au temps où loups et moutons se tenaient par le menton et s’embrassaient tendrement, les dragons régnaient sur les forêts roumaines.
Un roi, imprudemment, promettait à son fils jeunesse sans vieillesse et vie éternelle, une jeune princesse portait la poisse à tout le monde.
Un être fantastique prenait visage humain et hantait le cœur des jeunes filles. Un petit morceau de soie pesait plus lourd qu’un roi.
Un prince, parti à la recherche de la terre éternelle, se voyait transformé en astre par sa bien-aimée.
Pour savoir comment tout cela est bel et bien arrivé, il vous faudra affronter les terribles dragons que l’auteur, Ana Palanciuc, a retrouvés bien cachés au cœur des très vieux contes de son pays.
Les contes syriens sont parmi les plus anciens qui existent et ce recueil d'une grande beauté nous fait découvrir des histoires qui prennent racine dans le haut Moyen Âge mais que l'on continue de se transmettre encore aujourd'hui tant elles sont passionnantes. Elles nous racontent les voyages incroyables des marchands qui partaient avec leurs caravanes d'épices jusqu'en Inde. Elles nous font aussi pénétrer dans le monde des génies et en particulier d'un génie père d'une merveilleuse fille qu'il met lui-même au monde. Le conte syrien peut aussi être porteur de sagesse et nous apprendre à reconnaître le véritable ami ou le fou aveuglé du désir de puissance, comme ce marchand indien qui achète une cargaison de safran d'une valeur inestimable simplement pour en colorer les murs de sa demeure. Il y a aussi en Syrie et partout dans le monde des enfants merveilleux qui se distinguent du commun des mortels par une chevelure extraordinaire. Celle du jeune Saalay ed Dine est moitié or moitié argent et annonce comme il se doit un destin exceptionnel. Non moins exceptionnel que celui de Sett el Hosn, une jeune orpheline adoptée par un ogre dont le corps tout entier est moitié or moitié argent !
Épée vole ! Les Indiens Mapuches sont de grands guerriers qui ont résisté à tous les envahisseurs jusqu’au siècle dernier.
Aujourd’hui ils ne sont guère nombreux pourtant ils se racontent toujours les exploits de leurs héros préférés : le valeureux Calvumil et son épée magique parti à la recherche de la fleur qui sauvera son père, ou encore Huenchumir le fils de l’Ours. Ce héros là appartient à la fois au monde des hommes et à celui des ours, mais après bien des épreuves il deviendra homme pour de bon.
Avec le temps, les Mapuches sont devenus éleveurs puis paysans. Des fermes et des troupeaux apparaissent dans leurs histoires mais on y rencontre toujours les grands fauves mythiques d’autrefois, les ogres et les sorcières des origines.
La faune sauvage qui se cache dans ce livre est de toute beauté.
Entre les ailes du condor ! Ce grand oiseau est depuis toujours le symbole de la cordillère des Andes où vivent les Indiens Quechuas.
Leurs contes disent que le condor peut se transformer en homme pour épouser une jeune fille, sans cesser pour autant d’être un rapace terrible.
Ils nous font découvrir la sorcière Achique, lancée à la poursuite de deux enfants qu’elle dévorerait assurément si les bêtes de la montagne et des vallées profondes ne venaient à leur secours.
Renard prétentieux, blaireaux déchaînés, colibri tout-puissant, pumas féroces, avare transformé en daim, peuplent ces histoires à la tonalité particulière.
À la fois drôles et mélancoliques, les contes Quechuas portent la trace d’une histoire marquée par la domination des Incas, puis des Conquistadores. Mais la langue dans laquelle on les raconte s’est maintenue, tout comme certaines de ces histoires venues de la nuit des temps.
Dans les contes merveilleux, les rois sont amoureux de princesses d’une beauté incomparable, les princesses demeurent captives d’horribles monstres, les oiseaux volent au secours de leur maître, les chevaux magiques fendent l’azur de leurs sabots.
Ces contes n’ont pas été créés pour faire rire mais pour qu’on puisse rêver en noble compagnie, trembler et se réjouir de fins heureuses où les bons triomphent et leurs ennemis sont horriblement châtiés.
Le Bengale est un pays de prédilection pour ces contes-là. Jamais on n’en entendra de plus beaux que ceux collectés au siècle dernier par le folkloriste bengali L.B. Day et traduits de l’anglais par Françoise de Valence.
Vous y découvrirez d’énormes rubis rouges flottant sur les parois d’un terrible tourbillon d’eau de mer, les longs cheveux noirs d’une princesse captive au fond de l’océan, Haraman, l’incomparable perruche verte qui parlait le langage des hommes, un petit prince héritier qui aimait trop ses pigeons apprivoisés, le collier magique de la reine qui voulait sa perte …
Lire les contes bengalis, c’est pénétrer dans une très ancienne culture aussi raffinée que mystérieuse.
Un jour de la nuit des temps, Goha, le plus sage des fous, choisit le Caire pour capitale. Et depuis, des contes innombrables, sages, drôles et merveilleux circulent dans la ville égyptienne. Kan yama kan, il était une fois ou il n'était pas, car ceci n'est qu'une histoire : c'est ainsi qu'ils commencent. Kan yama kan... Et Saïd, le pauvre paysan, apparaît coiffé de son bol en bois. Kan yama kan... la princesse muette finira-t-elle par parler? Kan yama kan... il y avait un marchand qui, avant de partir pour la Mecque, cacha son trésor dans une jarre s'olives. Kan yama kan, les contes s'envolent des terrasses, se disent dans les cafés, se répètent dans les cours des maisons. Tous les habitants du Caire les connaissent et tous leurs enfants les connaîtront. Ayyam Sureau, elle, les tient de sa grand-mère, Téta Amalia. Aujourd'hui, elle nous les fait découvrir en français et, avec eux, entre autres, la recette infaillible pour trouver un ami véritable...
Le Yémen est resté pratiquement jusqu’à nos jours un pays mythique. Une magnifique culture orale s’y est développée, donnant naissance à des contes qui se racontent encore aujourd’hui. Mais cette tradition est aujourd’hui menacée et c’est le grand mérite de Fatima Al-Baydani de collecter sans relâche ce patrimoine encore vivant chez les paysans de son pays.
Les contes de ce livre proviennent de ce travail remarquable et également de celui de deux chercheurs, Haydée Charbagi et Roberto Limentari.
Ils ont été choisis et traduits avec une grande exigence par les membres de l’atelier de traduction de l’École normale supérieure.
Le résultat est magnifique. Des histoires superbes qui ont gardé toute leur force, leur originalité et leur poésie. Des héros qui ne mâchent pas leurs mots. Et des paysage à vous couper le souffle.
À propos de la traduction :
On doit la traduction de ces contes à l'atelier de traduction arabe de l'ENS :
créé en 1998 par Houda Ayoub, professeur d’arabe à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, l’atelier de traduction arabe regroupe des étudiants et des jeunes chercheurs spécialisés dans l’étude de la langue et du monde arabes. Après avoir rencontré Fatima Al-Baydani en 2006, Houda Ayoub a engagé l’atelier dans la traduction de contes populaires.
« La chambre de la princesse possédait un balcon qui donnait sur la campagne. Un jour, elle s'y assit pour y coudre. Elle contemplait le paysage magnifique qui se déployait devant le château, les bois et les collines, lorsqu'elle vit arriver sept lapins blancs qui formèrent une ronde sous son balcon. Elle était si surprise et occupée à observer les lapins que, dans un moment d'inattention, elle laissa échapper son dé à coudre. »
Mais que faire d'un dé à coudre quand on est un lapin ? Pourtant ce conte a une suite car, dans les contes espagnols comme dans tous les contes, il ne faut pas se fier aux apparences...
Un jeune homme que son père, veuf inconsolable, garde dans une chambre d'où l'on ne voit que le ciel afin de le préserver du bonheur et donc du malheur, tombe amoureux de la lune et décide de partir pour l'épouser. Une jeune fille prête à tout pour être la femme d'un prince, prête même à être amputée de son passé. Un homme qui a fait un rêve si extraordinaire, que toute personne à qui il le raconte veut posséder ce rêve et en perd la raison. Un contemplatif, qui a passé la moitié de sa vie à regarder les flammes dans l'âtre, en souriant, et qui est néammoins si futé qu'il vient à bout de neuf géants redoutables... Voilà quelques uns des héros de ces contes géorgiens, dont la particularité est de toujours commencer par cette phrase : Il était une fois mais qui peut le savoir?
Knud Rasmussen est né en 1879 à Ilulissat au Groenland.
Son père était un missionnaire danois et sa mère une Inuit. Très vite, il se passionna pour la vie et la culture des Inuits et il mena de nombreuses expéditions au Groenland. C’est dans ses récits de voyage que Nils Ahl a choisi ces contes. Il les a traduit du danois pour nous faire découvrir un ourson irrésistible, des monstres terrifiants et des enfants vraiment très courageux.
Pour nous montrer aussi comment les hommes et les animaux du Pôle deviennent parfois si proches qu’ils finissent par s’aimer pour de bon.
Incroyable mais vrai, incredibili ma vero : la seule anthologie de contes italiens disponible à ce jour était celle d'Italo Calvino - l'auteur de Marcovaldo - publiée en 1956, en Italie, par Einaudi et reprise en poche chez Mondadori en 1993. Quelle lacune (de Venise) ! Après les contes allemands, géorgiens, indiens et afro-américains récemment parus dans cette collection, voici donc, à la demande générale, de fameux et oubliés contes italiens. C'est un exercice périlleux que de résumer des contes. E pericoloso resumersi ! Car un conte résumé est un conte terminé. Aussi nous n'allons rien résumer du tout, mais seulement vous dire que ces contes italiens sont aux contes ce que les pâtes italiennes sont aux pâtes... ce que la peinture italienne est à la peinture... ce que le cinéma italien est au cinéma... ce que le football italien est au football ! (mis à part la dernière Coupe du mon-de). Tenez, vous connaissez sûrement une femme enceinte dans votre entourage. Vous l'entendez peut-être de temps en temps soupirer : " Ce qu'il me faudrait, c'est des fraises " ou bien hurler : " Je veux des huîtres ! " La maman de Moitié de garçon, elle, avait des envies de persil quand elle attendait son enfant. Alors un jour elle dévora la moitié du champ de persil d'une sorcière, et le lendemain l'autre moitié. Car elle ne faisait pas les choses à moitié. Sauf son enfant, justement, mais ça, ce n'était pas sa faute, vu que c'est tout ce que la sorcière avait trouvé pour se venger : prédire que, le jour de ses sept ans, l'enfant serait à moitié à sa mère et à moitié à elle. Et c'est ce qu'elle fit. Le jour des sept ans du garçon, la sorcière le kidnappe en pleine rue et le coupe en deux (dans le sens de la longueur). L'histoire ne dit pas si la sorcière a assaisonné sa moitié à elle avec du persil. Mais elle dit beaucoup de choses sur la Moitié de garçon libre qui réussit à devenir pêcheur d'anguilles, fiancé royal, naufragé, et cætera... et tout ça sur une seule jambe ! Également dans ce recueil : Les trois oranges, conte du Frioul ; Le prince cochon, conte d'Émilie-Romagne ; Le maître et son élève, idem ; Le roi et la puce, conte du Frioul ; La vallée des nigauds, conte d'Émilie-Romagne ; Douzain, conte de Toscane ; Le fils du roi du Danemark, conte de Vénétie ; Le palais endormi, idem.
« L'homme au miroir » remonte au XVIe siècle, « La princesse affublée d'un bol », « Petit Bonhomme » et « Histoire de chats », au XVIIe siècle. Ces grands classiques de la culture japonaise étaient toujours restés, en France, le domaine réservé des érudits. Avec beaucoup de délicatesse et d'humour, Masahiro Inoue et Monique Sabbah les ont traduits et adaptés tout en gardant leur sens véritable et leur structure.
Voici donc les aventures du pêcheur Urashima Tarô et de la tortue qu'il rejeta à la mer. Pour le remercier, elle le conduisit dans le palais du Roi Dragon : Tout d'abord, elle ouvrit la porte de l'Est. Et ils se retrouvèrent instantanément transportés au coeur du printemps parmi de resplendissantes floraisons de pruniers et de cerisiers. Les longues feuilles enchevêtrées du saule pleureur s'agitaient doucement dans la brise tandis qu'à travers un voile de brouillard se faisait entendre le chant d'un rossignol posté sur l'avancée d'un toit.
« Histoire de chats » raconte ce qui arriva dans la ville de Kyoto lorsqu'on ordonna de libérer tous les chats.
« La princesse affublée d'un bol » est l'histoire d'une jeune fille qui, à la mort de sa mère, se retrouve la tête emprisonnée sous un immense bol en bois.
Enfin, « L'homme au miroir » révèle combien la possession d'un miroir peut se révéler dangereuse pour qui ne sait pas s'en servir ; mais comme d'un mal peut naître un bien...
Les contes judéo-espagnols ne sont pas ceux d'un pays mais d'une communauté condamnée à l'exode. En 1492, les rois Isabelle de Castille et Ferdinand D'Aragon ordonnent aux juifs de leur royaume de se convertir au catholicisme ou de quitter définitivement l'Espagne. 150 000 d'entre eux s'embarquent vers l'inconnu. Ils n'emportent rien d'autre que leur langue et, dit-on, la clef de leur maison, pour le jour où ils rentreront. Ils ne sont jamais rentrés. Certains débarquent en Europe du Nord, en Angleterre ou en Hollande, d'autres sur les côtes du Maghreb, en Égypte et en Palestine. Une partie se fixe en Italie. Les plus nombreux font route vers l'Empire ottoman car c'est là qu'ils sont le mieux accueillis. Le castillan médiéval entre alors en contact avec la langue des divers territoires de l'Empire, le turc, le grec, le bulgare... Et à la fin du XVIIe siècle la langue des juifs venue d'Espagne est devenue une langue particulière, le judéo-espagnol. C'est dans cette langue que de Sofia à Salonique, d'Alexandrie à Istanbul, les séfarades conversent, commercent, plaisantent, cuisinent et transmettent leurs histoires. Des contes délicieux et insolents, remplis de tendresse et de poésie où l'on parle d'amour, d'hommes pieux, d'enfants gourmands ou d'épouses plus rusées que le diable.