Thème « classique intégral »
Victime de sa réputation de conteuse régionaliste, George Sand figure rarement dans les anthologies parmi les grands auteurs fantastiques. Pourtant, elle a exploré toute la gamme des ressorts du genre. Chez elle, le mystère coule de source. Rêve, folie, hallucination, don de double vue sont fréquents dans ses Légendes rustiques (1858) et dans les Contes d’une grand-mère (1873).
Les nouvelles retenues dans ce recueil, en dehors du spectaculaire « Géant Yéous », appartiennent aux deux ensembles. Toute la mythologie fantastique est mobilisée par une romancière qui sait jouer sur les nerfs de ses lecteurs en leur offrant des spectacles hors du commun : fantômes, feux follets, lavandières suspectes qui ressemblent fort aux Parques et aux Moires, moines inquiétants ou démons. Et même si elle donne souvent à ces apparitions des explications rationnelles – phénomènes naturels ou états morbides de la conscience –, le doute qu’elle maintient laisse subsister longtemps le souvenir du frisson qui nous a parcourus à la lecture de ses contes.
Dans ce recueil : L’Orgue du titan, La Fée aux gros yeux , La Grand’bête , Le Moine
des Étangs-Brisses , Les Demoiselles, Les Flambettes, Le Meuneu’de loups, Lubins ou lupins, Le Lupeux , Les Laveuses de nuit ou lavandières, Le Casseu’de bois, Le Géant Yéous .
« Jamais récit ne fut aussi insoutenable », prévient le jongleur avant de nous conter la bataille d'Origny. Effectivement, la violence de la tragique épopée de Raoul de Cambrai peut heurter le lecteur moderne habitué à une vision idéalisée du Moyen Âge. Cette chanson de geste n'est cependant pas un hymne à la violence. Elle nous rappelle la difficulté d'être un homme de paix sans manquer à l'honneur et aux obligations du monde féodal. Raoul de Cambrai, impitoyable et tendre, criminel et victime, est l'ancêtre de Robert d'Artois, personnage central des Rois Maudits de Maurice Druon. Tous deux mettent l'Artois à feu et à sang afin de reconquérir un fief dont on les a dépossédés et déclenchent une guerre qui se transmet à la génération suivante. Le jongleur Bertolai était présent sur le champ de bataille, il a entendu le choc des armes et a recueilli les cris des vaincus. Ecoutez l'inoubliable chanson d'amour et de guerre qu'il en a tirée.
De tous les chevaliers qui ont bercé nos rêves d'enfance, les plus prestigieux sont les Chevaliers de la Table ronde, réunis autour du roi Arthur. Dans Le Chevalier au Lion, Chrétien de Troyes raconte les prouesses du plus entreprenant d'entre eux, Yvain, en quête d'aventure et d'amour dans un monde merveilleux, peuplé de dragons, de géants, où sévissent d'étranges et cruelles coutumes. Ce n'est que grâce à l'aide d'un lion, symbole de courage, de loyauté et de noblesse, qu'Yvain peut en venir à bout et, au terme d'un itinéraire initiatique tourmenté, devenir enfin pleinement lui-même.
L'un des plus anciens, des plus grands et des plus émouvants romans de chevalerie dans une version nouvelle qui a su allier rigueur et clarté.
« Pour vivre heureux, vivons cachés », « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées »… Qui sait aujourd’hui que l’on doit ces formules au plus prodigieux des fabulistes du XVIIIe siècle, Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) ? Florian, dont la brève existence fut un
véritable tourbillon, professait qu’il est, en matière d’écriture, un principe souverain : l’art de « conter gaiement ».Chacune des pièces du petit recueil qu’il publie en 1789 est donc une véritable fête de l’esprit. Les animaux, les hommes, les dieux mêmes se combattent,
s’entraident parfois en une série de petits tableaux vivants dont la modernité étonnera le lecteur d’aujourd’hui. Si Florian, tout comme son oncle, le grand Voltaire, déteste la superstition, les injustices et la guerre, il a pour la nature une tendresse particulière. Le chien, la brebis, le rhinocéros, la vipère, la guêpe s’étonnent de la brutalité des hommes, le pauvre bouvreuil meurt de leur indifférence, et il faut toute la sagesse de l’éléphant blanc pour nous faire comprendre ce que l’humanité gagnerait à simplement observer les animaux.Écologiste avant l’heure, Florian nous avertit que l’intérêt nous conduit à la ruine et qu’il y a urgence à trouver la paix de l’esprit au coeur d’une « retraite profonde », dans l’un de ces asiles qu’offre la nature.
Saviez-vous que les huîtres sont vivantes quand on les mange ? Connaissez-vous les horreurs de l'hôpital ? Qui du loup ou du chasseur est le plus carnassier ? Peut-on être lâche au point de laisser une pauvre femme se perdre dans la nuit d'hiver ? Vous êtes-vous demandé quelle détresse accable le vieux comédien abandonné dans son théâtre désert ? Et si vous trouviez un cercueil dans votre chambre ?
Toutes ces questions ont leurs réponses dans ces Histoires grinçantes de Tchekhov. Ajoutons-y un cosaque mourant de faim, un instituteur consciencieux jusqu'à l'issue fatale, une petite bonne d'enfants martyrisée, et nous aurons une série de récits d'une férocité et d'une cruauté à faire frémir d'humour... noir !
Ivre des plaisirs de la chasse et de la guerre, malade du goût de tuer, devenu étranger à lui-même, Julien accomplira les sinistres prédictions qui l'accompagnent depuis le berceau et selon lesquelles, au terme du massacre et comme apothéose au carnage, il doit commettre l'irréparable, le crime absolument sans rémission. Et pourtant le pardon lui sera accordé. L'homme qui le lui donnera n'en est plus un. C'est un monstre au nez rongé, aux yeux de braise, aux bras qui « disparaissent sous des plaques de pustules écailleuses ». Mais sous l'horreur de la lèpre, quel pouvoir surnaturel possède t-il ?
La Légende de saint Julien l'Hospitalier, récit fantastique qui débute comme un conte de Grimm et finit en nouvelle d'Edgar Allan Poe, nous fait passer de la fable de catéchisme à la vision de l'insoutenable en révélant à plein ce qui fut la « manière » de Flaubert, mélange d'érudition historique, d'imagination flamboyante et de la vérité crue du fait divers.
Les chevaliers ont fasciné et continuent de fasciner bien des enfants et des adolescents. Ivanhoé, Robin des Bois, Chevalier Ardent, Thierry la Fronde... Ces chevaliers imaginaires ont pour point commun d'avoir été créés bien longtemps après le Moyen Age! Quelques noms réels comme le roi Arthur, Richard Coeur de Lion, Guillaume le Conquérant, Gaston Phabus nous sont familiers grâce surtout à des films ou à des bandes dessinées, mais dans des versions modernes et fantaisistes. Au Moyen Age aussi, dans leurs châteaux, les seigneurs et leur cour aimaient entendre trouvères et jongleurs raconter de hauts faits d'armes. Un héros, plus que les autres, avait les faveurs du public: Guillaume d'Orange, dit Guillaume Fièrebrace (les gros bras) ou Guillaume au court nez. Fidèle au roi et à sa foi chrétienne, Guillaume garde son franc-parler aussi bien envers son souverain qu'envers le pape. S'il n'hésite pas à combattre de véritables monstres, Guillaume délaisse parfois ses armes " nobles " pour achever un adversaire d'un coup de poing plus " démocratique ". Un chevalier impitoyable qui, un jour, tombe amoureux d'une princesse sarrasine, quelle aventure!
Marcovaldo est manœuvre. Il vit, avec sa femme et ses six enfants, dans une grande ville d'Italie du Nord. Un citadin parmi d'autres. Mais lui est différent. La publicité, le néon, la circulation, il ne les voit pas. En revanche, la moindre manifestation de la nature accroche son regard. Ses sens se sont-ils atrophiés, ou la nature s'est-elle changée en venant en ville ? Marcovaldo n'arrive pas à retrouver cette nature si saine, si pure dont il garde le souvenir. Elle est singulière cette nature, surtout en ville ! Marcovaldo l'apprend en vivant une suite d'aventures inattendues et souvent drôles évoquant un Charlot père de famille, en butte aux complexités de notre vie « post-industrielle ».
Peut-on mourir d'avarice comme certains oiseaux meurent d'amour ? Oui répond Guy de Maupassant en deux histoires qui nous font, l'une rire, l'autre maudire la chasse. Sept autres contes de Maupassant, les plus célèbres, mettent en scène toutes les grandes émotions humaines : la peur, l'émerveillement, la tendresse, la lâcheté, l'enthousiasme, la bonté, et également la fidélité, la passion, la légèreté, l'avarice...
Écrites il y a un siècle, ces nouvelles restent tout-à-fait d'actualité, du point de vue de l'écriture qui n'a pas vieilli, contrairement au style de tant d'écrivains du siècle passé; mais aussi du point de vue des personnages mis en scène car la nature humaine ne se démode pas en si peu de temps !
Ce recueil contient : La ficelle; Sur l'eau; Le petit fût; L'épave; À vendre; L'enfant; La rempailleuse; Amour; La bête à maît'Belhomme.
On lit quelquefois dans le secondaire un roman de Balzac, mais presque jamais ses nouvelles. On perd les jeunes lecteurs dans des méandres d'intrigues très complexes, au risque de les rebuter pour longtemps, au lieu de leur offrir le cadeau de ces textes ciselés, aussi simples que profonds, dont l'intrigue et la structure peuvent être considérés comme les modèles réduits des celles des grands romans. Administrant la description et la narration à dose homéopathique, les nouvelles de Balzac consituent autant d'échantillons représentatifs d'un univers dans lequel elles donnent envie de s'immerger plus profondément. Leur armature plus évidente, leurs effets marqués les rendent plus faciles et plus attrayantes que les masses romanesques, en fournissant des pistes de réflexion aussi passionnantes (Anne-Marie Baron).
1787 : la « Bounty », vaisseau de Sa Très Gracieuse Majesté, appareille pour une mission d'exploration dans le Pacifique Sud sous le commandement tyrannique du capitaine Bligh. La discipline de fer qu'il fait régner à bord épuise les marins. Après une escale à Tahiti qui a pour eux l'attrait du paradis, la « Bounty » appareille de nouveau et les brimades reprennent. Le 28 avril 1789, Fletcher Christian, officier en second, s'empare du navire avec l'aide de huit hommes d'équipage. Bligh et ses fidèles, une vingtaine d'hommes en tout, sont abandonnés au milieu du Pacifique dans la chaloupe de la « Bounty »...
La plus célèbre mutinerie de l'histoire a inspiré Boris Moissard qui accompagne le récit de Jules Verne d'un texte alerte, drôle et très documenté.