Thème « camp de concentration »
« Mon père, Lonek Greif, portait un numéro bleu sur le bras, écrit Jean-Jacques Greif dans sa postface. Au lieu de me raconter l'histoire du Petit Poucet ou de Cendrillon, il me parlait des SS, des kapos, des kommandos, des chambres à gaz. »
En 1950, en camping à Belle-Isle, Lonek et ses fils rencontrent Maurice Garbarz, leur voisin de tente, qui porte lui aussi un numéro bleu sur le bras. En 1984, Maurice écrit Un survivant (Plon) avec l'aide de son fils Charlie. Il y raconte en détail sa détention à Auschwitz. Le livre est aujourd'hui épuisé. C'est de ce texte, avec bien sûr l'accord de son auteur, toujours en vie, que Jean-Jacques Greif s'est fidèlement inspiré pour écrire Le ring de la mort, sans rien ajouter ni retrancher aux faits. Il ne s'agissait pas de « mettre cette histoire à la portée des adolescents » - nul ne saurait mettre l'histoire des camps de la mort à la portée de qui que ce soit - mais de permettre à tous de réécouter l'un des rares témoignages de survivants, et de rendre hommage à son courage.
Maurice, enfant persécuté et combatif du ghetto de Varsovie, s'est enfin cru en sécurité quand il est arrivé à Paris en 1929. Treize ans plus tard, la police française le remet dans un train. Après Pithiviers, Auschwitz. Par les yeux de Maurice, nous découvrons brutalement l'enfer sur terre, dans ses moindres détails. Et d'abord le vocabulaire. Pour désigner les cadavres, les Allemands utilisent le mot Stücke, qui veut dire « pièces », comme dans l'expression « pièces détachées ». Oui, Auschwitz est une usine à produire des cadavres, le plus possible. Maurice le comprend très vite. Il pressent aussi que s'il veut sortir un jour vivant de là, il lui faudra tout faire pour ménager ses forces, esquiver les coups, calculer ses moindres gestes, comme dans les combats de boxe qu'il menait avant la guerre et qu'on le force à livrer au camp contre de plus pauvres diables que lui.
Mais, conclut Jean-Jacques Greif : « Il ne suffisait pas d'être vigoureux et de savoir se battre pour survivre à Auschwitz. Il fallait aussi avoir beaucoup de chance. »
Quand elle naît, à Cracovie, en 1935, Anita est ce qu'on appelle une enfant gâtée, destinée à mener la vie conventionnelle et rangée des jeunes filles juives de la classe moyenne. La guerre arrive et fait tout exploser : le confort, la tranquillité, mais aussi les préjugés et les carcans sociaux. Niania, la nurse grenouille de bénitier antisémite ? C'est elle qui, à force de ténacité, de culot et d'amour, sauve Anita et son frère des nazis en les faisant passer pour ses propres enfants catholiques et baptisés. Des villages du fin fond de la Pologne à New York, le port de tous les nouveaux départs, en passant par Auschwitz et la Suède, où elle part se refaire une santé, découvre sa vocation d'artiste et finit par retrouver sa famille au grand complet, Anita Lobel trace avec ce récit autobiographique très détaillé un tableau sans complaisance du monde bouleversé des années quarante.
Dans un ghetto, des soldats s'amusent à tendre un piège aux derniers survivants cachés dans les égouts. Ce sont des enfants qui surgissent. Ils sont quatre et ils ne sont déjà plus des enfants mais des êtres détruits qui regardent sans pitié ce monde qui les a faits et les condamne. On les emmène à Bourg-Pourri, ou la Vallée des Ossements. Mais Grol, un soldat, dit Monsieur Fugue, décide de monter dans le camion, avec eux. Pour leur inventer, malgré l'horreur, une ultime fois, l'aventure de toute une vie. Il n'a qu'une heure.
Cette pièce, « Monsieur Fugue ou le mal de terre », a été traduite dans de nombreuses langues et jouée dans de nombreux pays.
Voyage à Pitchipoï raconte la tragédie d'une famille juive, en France, pendant la guerre, une tragédie qui fut celle de millions d'autres familles. En 1942, l'auteur de ce livre avait six ans. Sa famille fut arrêtée, par des gendarmes allemands et français, et dispersée.
Le narrateur et sa petite soeur furent d'abord confiés à des voisins jusqu'à ce que le maire du village fasse appliquer la décision du capitaine S-S, Commandeur de la région et responsable des mesures de répression antisémite : « L'accueil d'enfants juifs dans des familles françaises est indésirable et ne sera autorisé en aucun cas. »
Les deux enfants furent alors enfermés dans une prison, puis transférés au camp de Drancy, où la petite fille tomba malade, par malnutrition. Pendant toute cette période, ils restèrent sans nouvelles de leur mère, qui avait miraculeusement réussi à s'échapper et n'avait pas été reprise, malgré les portes qui s'étaient souvent fermées lorsqu'elle avait demandé de l'aide. Après des mois de vie clandestine, à la Libération, ils retrouvèrent leur maison. Ils ne devaient jamais revoir leur père.