Aux petits oiseaux
Sept enfants, au moins, se rendent aux funérailles d’un petit oiseau. Ils sont graves. Pour lui, ils ont inventé une cérémonie. Lorsqu’elle s’achève, assis près de la tombe, ils ne disent rien encore, le silence s’installe, et avec lui, le grand mystère. Comment parler de ce que l’on ignore, de ce que l’on ne voit pas, de ce que l’on n’entend pas, de ce qui n’a même pas de nom ? Un enfant se lance, il ose. Puis un autre. Chacun a son avis. Chacun respecte l’avis de l’autre. Enfin, presque.
Uno — PAS D’YEUX.
Gus — Pas d’yeux ?
Acar — On dit pas d’oeil.
Uno — Le mien c’est : pas d’yeux. Pas d’yeux et pas d’paupières.
Gus — Il est aveugle ?
Uno — L’a pas besoin d’yeux. Y voit sans. Y voit tout.
Siran — Mais comment y fait pour dormir ?
Uno — Y fait semblant.